Rédigé par Radjaa Abdelsadok et Hanan Ben Rhouma
19 octobre 2020 sur Saphirnews.com
Les fidèles des cultes musulman, catholique, protestant, juif et bouddhiste, réunis autour de l’association de l’Esplanade des religions et des cultures de Bussy-Saint-Georges, en Seine-et-Marne, se sont rassemblés, dimanche 18 octobre, en hommage à Samuel Paty, assassiné à Conflans-Sainte-Honorine. Un hommage aux voix plurielles émouvant.
Dans un contexte lourd marqué par l’attentat perpétrée à Conflans-Sainte-Honorine, c’est à nouveau une belle unité qu’ont affiché, dimanche 18 octobre, les membres des communautés musulmane, catholique, protestante, juive et bouddhiste de la ville de Bussy-Saint-Georges, en Seine-et-Marne. Une centaine d’hommes et de femmes se sont rassemblés pour rendre hommage à Samuel Paty, lâchement assassiné par un terroriste pour avoir montré des caricatures du Prophète à ses élèves.
A l’origine de cette initiative spontanée se trouve Farid Chaoui, président du Centre islamique de Val de Bussy, qui assure actuellement la présidence de l’association de l’Esplanade des religions et des cultures. C’est tout naturellement que les représentants des autres communautés religieuses réunies dans cette structure ont répondu « oui » à l’invitation au rassemblement interreligieux au cours duquel chacun a pu exprimer son message.
Une esplanade « véritablement habitée par un esprit de paix et d’amour des uns des autres »
Pour les responsables de la mosquée, il est nécessaire aujourd’hui de « témoigner (sa) solidarité avec le corps enseignant et d’apporter une condamnation catégorique à cet acte abject perpétré sur un enseignant à Conflans-Sainte-Honorine ».
« La barbarie ne passera jamais. Alors vraiment, merci à vous tous de la communauté musulmane d’être là si nombreux, c’est quelque chose d’extraordinaire. Merci aussi aux représentants des autres communautés de l’esplanade », a signifié, avec émotion, Claude Windisch, représentant de la communauté juive au sein de l’association de l’Esplanade des religions et des cultures. « Je crois qu’aujourd’hui, encore une fois, nous montrons que cette esplanade est véritablement habitée par un esprit de paix et d’amour des uns des autres. »
Pour Dominique Fontaine, représentant de la communauté catholique, la rencontre et le dialogue sont des clés essentiels à favoriser face au climat anxiogène ambiant. « Il serait bienvenu que l’on puisse se dire les uns aux autres, comment nous traitons la représentation de Dieu, du divin, des prophètes, des saints dans nos différentes religions. Ces différences sont vraiment intéressantes et c’est important qu’on puisse se les découvrir pour justement pouvoir transmettre aux familles, aux enfants, ce que pense chaque religion afin de pouvoir se comprendre et se respecter », a-t-il déclaré, estimant que ce sont autant d’éléments que les religions peuvent aussi apporter au débat public.
Un maire résolument engagé pour le vivre-ensemble
Présent au rassemblement, le maire de Bussy-Saint-Georges, Yann Dubosc, a voulu marquer sa présence, rappelant que sa ville est « une ville exemplaire dans le vivre ensemble ». Rappelant que « la laïcité, ce n’est pas le rejet de la foi ou des religions », le premier magistrat de Bussy-Saint-Georges a fait part de ses craintes quant aux mauvaises « répercussions (de l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine) sur les musulmans de France » mais qu’il fera « tout le nécessaire » pour les empêcher dans sa commune.
« Démontrons par l’exemple qu’à Bussy, nous pouvons largement inspirer la France, l’Europe, le monde sur notre manière dont chacun peut vivre sa foi et s’unir », a-t-il conclu sous les applaudissements.
A l’issue de ce rassemblement fraternel, les représentants religieux ont fait valoir, dans un communiqué commun qui nous a été transmis lundi 19 octobre, la proposition de « participer (ensemble) à l’effort d’instruction civique des élèves et d’initiation aux valeurs républicaines » dans le cadre de l’enseignement du fait religieux dans les établissements scolaires.
« Quand les religions se présentent ensemble, elles peuvent apporter beaucoup à la société et à l’école, par exemple dans le cadre de l’enseignement du fait religieux », déclarent-ils. « Une telle intervention, dans le cadre strict de l’éducation civique des élèves, nous semble correspondre à l’esprit de la laïcité, qui n’est pas à vivre contre les religions, mais avec elles, quand elles sont ensemble pour favoriser le vivre ensemble et la paix sociale », estiment-ils, réitérant leur proposition auprès de l’académie dont dépend Bussy-Saint-Georges, « car elle nous semble aller dans le sens d’une société plus apaisée et plus fraternelle ».