Ce samedi 14/10/23 à midi, l’ensemble des responsables des communautés de l’Esplanade se sont rejoints à la synagogue de Bussy, avec la communauté juive, pour commémorer le souvenir de notre ami Claude Windisch qui nous a quitté il y a pratiquement 1 an.
Au-delà du souvenir de Claude, nous voudrions partager le message de Yoan qui a repris le flambeau au sein de sa communauté ainsi que l’intervention de Hicham représentant la communauté musulmane, car en cette actualité ils reflètent ce que Claude voulait construire dans notre ville et que nous allons continuer de perpétuer.
Ensemble nous pouvons continuer de montrer que son message de « Vivre ensemble – Faire ensemble » est possible. Voici donc sa lecture :
Message de Yoan, JBuss
M. Le Maire, Yann DUBOSC
M. le Directeur de Cabinet, Cédric TARTAUD-GINEST
Messieurs les Élus
Mesdames et Messieurs les représentants des différents lieux de Cultes de l’ESPLANADE DES RELIGIONS ET DES CULTURES,
Famille Windisch,
Chers amis, chers fidèles
Avant tout propos, je tiens à remercier la réactivité des élus et particulièrement Marc Nougayrol en charge de la sécurité, pour avoir ainsi mobilisé les forces de polices municipales et nationales pour assurer la surveillance de notre synagogue et notre sécurité pendant les offices. Merci à Azéis, chargé des relations entre la mairie et l’ERC.
On dit que le temps fait les choses. Le temps, ce n’est pas votre montre qui décide de sa durée. Ce sont vos émotions. Le temps, est court quand vous êtes joyeux, ça passe trop vite. Le temps, est horriblement long lorsque votre cœur saigne.
Un an s’est écoulé depuis que notre regretté président Claude Windisch est parti. Il s’en est passé des choses en un an concernant le projet de construction de notre future Synagogue et Centre Culturel Juif qu’il portait si fièrement dans son cœur.
Quand j’ai signé la demande de permis de construire j’ai eu une envie folle de poser son nom et d’imiter sa signature sur chaque page. J’ai eu une envie folle de lui dire : « Tu l’as vu ce bel olivier qu’on a planté ? Ou encore : « On l’a enfin obtenu ce permis de construire. ». Pendant un an, on a fait des bar-mitzvots. Il y a eu des naissances, des mariages et bien entendu nos fêtes. La synagogue était remplie. On a lancé une grande campagne d’appel aux dons. Les cultes de l’ERC nous ont soutenu ainsi que vous, chers fidèles et ambassadeurs.
Nous sommes fiers de continuer son combat pour la paix grâce à tous les bénévoles de JBUSS. Je ne les cite pas pour n’oublier personne. L’âme de Claude est dans notre projet à tous.
Il y a eu des joies. Il y a eu des peines. Les ascenseurs émotionnels de la vie.
On dit que le temps fait les choses.
C’est quand même une notion étrange le temps. On court partout, tout le temps. Mais après quoi finalement ? On tente de prendre de l’avance. On s’avance et on essaye de « gagner du temps » mais finalement on ne peut en épargner du temps, en mettre de côté. D’ailleurs, le temps, lui-même, n’épargne personne. On perd toujours contre le temps. Rien ne sert donc de perdre son temps dans des choses qui n’en valent pas la peine. Prenez du temps avec ceux que vous aimez et que vous chérissez.
Un an. Je n’ose pas dire « déjà ». Le temps est passé vite pour certains. Beaucoup moins vite pour d’autres sans doute aucun. Je pense bien entendu à son épouse, Diane et à ses enfants, qui nous ont fait l’honneur et le plaisir d’être parmi nous pendant les fêtes de Tichri. Ils ont contribué à remplir cette synagogue comme Claude aimait tant la voir pleine, pleine de vous, pleine de vie. Ils étaient avec nous malgré la douleur de leurs pensées dans ces moments et nous les en remercions.
Aujourd’hui, c’est la Paracha Béréchit, « Au commencement ». Les ténèbres puis la lumière. Le ciel, les eaux, la terre, les végétaux, les animaux, les arbres fruitiers, un homme, une femme, et du repos au 7e jour. Ça avait l’air plutôt simple au commencement… Sans vouloir t’offenser mon cher Elie, tu as très bien lu ; mais… aujourd’hui, j’aurai rêvé entendre un enfant chanter cette Paracha. Peu de gens le savent mais entre mes 2 garçons, Noam et Endy, ici présents, leur maman et moi avons perdu un enfant. Il avait 8 jours. C’était il y a 13 années. Il fêtait son anniversaire hier. Il aurait donc aujourd’hui célébré sa Bar-Mitzvah. Il grandit en moi et me fait sans doute grandir, m’élever. On dit souvent qu’on élève nos enfants mais je pense profondément que c’est l’inverse.
Il s’appelait Jaden. C’est beau Jaden. Ça sonne comme le Jardin d’Eden où furent posés Adam et Ève au commencement.
Il n’y a pas de hasard dans la vie, parce qu’aujourd’hui plus que jamais, je crois que notre mission commence à peine pour notre communauté et que c’est un éternel (re)commencement pour la paix sur notre Esplanade à Bussy-Saint-Georges.
On dit que le temps fait les choses.
Le saviez-vous ? Le judaïsme nous interdit d’être triste durablement. On dit qu’être triste sur la durée c’est être en colère contre Dieu, contre Hachem. Bien sûr je sais ô combien hélas ces paroles sont dures à entendre pour les endeuillés. Mais si on parvient à lâcher notre monde matériel pour accéder à un monde spirituel, nous sommes rassurés, que l’âme du défunt rejoint notre créateur, il faut accepter son jugement. Vivre avec. Et finalement vivre sans, lui, eux.
Nous devons accepter les choses et laisser faire le temps.
J’aurai aimé stopper mon discours ici.
Hélas, comme nous le savons tous, l’horrible actualité en Israël me conduit et je vous y associe plus que jamais à avoir une pensée pour notre peuple mais aussi pour tous les peuples, pour tous les civils innocents qui ont soufferts, souffrent, et/ou vont souffrir encore.
Le terrorisme, ennemi d’Israël, ennemi du monde, n’a de militaire que sa tenue vestimentaire car en effet, même dans une guerre, aussi absurde que cela puisse paraître, même dans une guerre il y a des lois, des règles. Et là, les images de ces derniers jours, montrent et parlent d’elles-mêmes, ces barbares n’en ont aucune. Si démembrer, décapiter des bébés, ne suffisent pas à convaincre l’opinion publique y compris autour de vous, sur vos lieux de travail, sur vos réseaux sociaux, parfois même dans votre entourage dit amical, alors fichez-vous de cette opinion et voyez simplement à qui vous avez affaire. C’est ma profonde colère qui parle.
Alors à tous ceux qui me disent « ça va Yoan? Tu as de la famille là-bas ? ». À tous ceux-là je leur réponds « OUI, j’ai des millions de frères et sœurs là-bas moins ceux qui ont été lâchement assassinés. J’ai des millions de frères et sœurs, mais, j’ai aussi ne l’oublions pas des cousins avec une histoire et des racines communes.
Je citerai juste cet exemple. J’ai eu cette semaine un échange franc mais chaleureux, fraternelle avec Hicham, président de l’association Tawba qui anime la vie musulmane de Bussy et des communes avoisinantes. Nous allons bientôt grâce à D. construire et être voisins de leur mosquée. Et nous sommes d’accords. Le conflit israélo-palestinien n’est pas un conflit religieux. Il nous touche. Il nous bouleverse. Il nous asphyxie ce conflit. Mais il ne doit pas être importé en France. Nous avons nos opinions, nos émotions, et tout se mélange. Il ne doit pas être importé mais les actes barbares quels qu’ils soient doivent être condamnés avec la plus grande fermeté.
Nos prières vont vers les victimes innocentes quelque soient leurs religions ou leurs nations et je profite de ce passage pour avoir une pensée pour l’horrible acte qui a été perpétré envers ce professeur de français à Arras hier et les personnes qui se trouvaient à ses côtés.
N’oublions pas que des familles entières sont et vont encore être déchirées. Hicham, Touhami. Votre présence ici aujourd’hui est un témoignage envers notre communauté et nous vous en remercions.
Nous avons également rédigé avec les autres présidents et représentants de l’ERC un courrier que vous pouvez consulter sur le tableau d’affichage ici et qui a été diffusé sur les réseaux sociaux et communiqué aussi auprès du journal Le Parisien. Merci à tous ceux qui ont contribué à la rédaction de celui-ci.
J’ai lu beaucoup de choses cette semaine. Des articles, des biens pensants, des essais de communication bienveillante bien qu’un peu trop lisse à mon goût. J’ai entendu aussi beaucoup de choses : des « ils n’avaient qu’à pas », des « bien faits pour eux », des « il fallait pas le chercher ». Enfin, j’ai vu aussi beaucoup de choses, des images profondément choquantes.
Une citation peu récente et tristement toujours d’actualité m’a frappé particulièrement.
Albert Camus disait :
« Quelle que soit la cause que l’on défend, elle restera toujours déshonorée par le massacre aveugle d’une foule innocente, où le tueur sait d’avance qu’il atteindra la femme et l’enfant ».
Je pense alors ne jamais regretter ce que je m’apprête à vous dire. Pour moi laisser dire, c’est aussi laisser faire. La communication c’est bien. La Communic’Action c’est mieux. Nous devons condamner fermement. Sans relâche. Et nous devons aussi appeler à la Paix, sans relâche.
J’aimerai que toute la classe politique condamne sans équivoque les actes barbares auxquels nous assistons certes au travers d’images mais malheureusement que eux, là-bas, vivent pour de vrai. Je prie pour que les civils innocents, soient le plus possible épargnés. Je prie pour que les otages rentrent chez eux. Je prie pour que D. nous protège tous. Je prie pour que la venue du Machia’h puisse rendre à ses familles endeuillées la joie. Pour avoir été l’ombre de Claude quelques années ici, je pense que c’est aussi le message qu’il aurait voulu faire passer.
Prenez soin de vous. Soyez vigilants.
On dit que le temps fait les choses.
Shabbat Shalom à tous.
Message de Hicham, Tawba
Chers amis
Nous vivons des moments dures et tragiques depuis quelques jours. Nos communautés religieuses et humaines pleurent leurs morts et leurs disparus ; mais l’Esplanade les pleurent tous.
Notre ami feu Claude, nous a tous réunit aujourd’hui en ce samedi de Shabat, pour que l’on célèbre la paix et la fraternité, sans savoir que ce conflit historique allait se ravivait.
A son échelle ERC doit continuer à apporter sa voix au concert de la paix, pour œuvrer dans les valeurs de tolérance et du vivre ensemble.
L’action de l’ERC ne doit plus être une réaction à un événement ou une situation, mais nous devons réfléchir sur une action continue et pérenne ; comme celle d’un jardinier qui prend soin de son jardin son potager vis-à-vis des mauvaises herbes et de la sècheresse.
Restons mobilisés, soudés et frères dans l’humanité de notre père Abraham et Adam.
Je finirais par quelques lignes traduites du coran si vous me le permettez dans ce lieu sacré pour nos frères juifs
Sourate Le Temps / la temporalité
« Par le Temps ! L’homme est certes, en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, s’enjoignent mutuellement la vérité et s’enjoignent mutuellement l’endurance ».
Merci