Prédication de la St Georges

Prédication de la célébration de la St Georges 25 avril 2020 à Notre Dame du Val

Par le Père Dominique Fontaine

Dans ce récit de l’évangile (Marc chapitre 4, 35-41), on voit les disciples de Jésus surpris par une tempête. C’est le symbole de notre humanité surprise par cette tempête inattendue du coronavirus.

Nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais tous importants et nécessaires, appelés à ramer ensemble et à nous réconforter mutuellement. Et Jésus qui calme la tempête dit à ses disciples : « Pourquoi avoir peur ? N’avez-vous pas la foi ? »

La peur. Cette peur est d’abord un avertissement quotidien qu’il faut faire attention aux autres, que les gestes barrières sont essentiels et que dorénavant il ne faudra à aucun instant les oublier.

Mais la peur, c’est aussi cette fumée qui couve, qui devient irrationnelle, qui parfois nous submerge, nous angoisse et nous fait dire des choses qui ne nous ressemblent pas. Cette peur peut aboutir à écrire des lettres anonymes à des soignants pour leur demander de déménager, à accuser les migrants ou les gens d’origine chinoise. On voit bien dans les réseaux sociaux les dérives que peut entrainer la peur.

Et c’est là que nous retrouvons St Georges. Originaire de Turquie, il était officier dans l’armée romaine et il est mort martyr parce qu’il ne voulait pas renier sa foi. La légende dit qu’il a libéré avec l’aide du Christ une ville qui était terrifiée par un dragon.

Le dragon c’est quoi ? Dans toutes les cultures, le dragon est le symbole de ces peurs ancestrales qui nous paralysent, qui s’amplifient au fur et à mesure des fake news et qui ont fait tant de mal dans l’histoire, par exemple au peuple juif , qui a si souvent été massacré (et nous n’oublions pas la commémoration de la déportation demain), par exemple actuellement aux Rohinguias de Birmanie, ou aux demandeurs d’asile du Bellagio lorsqu’ils sont arrivés à Bussy l’an dernier.

Plusieurs amis me disaient hier : on va demander à St Georges de terrasser le coronavirus. Eh bien non. Lutter contre le coronavirus, c’est notre travail à nous, c’est celui de l’humanité, pas celui de Dieu et des saints. Dieu ne nous a pas envoyé cette maladie, ce n’est pas à lui de l’arrêter comme par enchantement. Mais il peut nous donner la force de la combattre : C’est notre persévérance dans les gestes barrières aujourd’hui comme après le déconfinement, c’est la lutte des soignants et de tous ceux qui permettent à note société de continuer à vivre.

Demander à Dieu de faire disparaitre en nous la peur, alors là oui. Nous sentons bien que nous avons besoin d’une force spirituelle pour résister à la peur, pour retrouver la paix intérieure qui nous permettra de sortir par le haut de cette grande épreuve.

A Bussy, nous avons déjà appris à combattre la peur. En 2015, après les attentats de janvier, toutes les religions se sont retrouvées pour dire : « N’ayez pas peur des musulmans, venez visiter la mosquée. » Et après les attentats de novembre au bataclan, nous avons réalisé le grand concert de la paix qui nous a tous pacifiés.

Il y a une communauté chrétienne copte éthiopienne qui se pose la question de nous rejoindre sur l’Esplanade. Quelques jours avant le confinement, un des responsables est venu me voir pour nous offrir de l’encens venu directement d’Éthiopie. Il m’a dit : « C’est de l’encens de St Georges, qu’on fait bruler chez nous pour combattre la peur. »

St Georges est le patron de l’Éthiopie. Nous allons donc maintenant faire brûler cet encens, pendant que nous prierons en silence en regardant la statue de St Georges de la vieille église de Bussy. Prions pour tous les Buxangeorgiens qui sont malades, ceux qui sont morts et leurs familles.

Et demandons à Dieu la grâce de la paix intérieure, la paix sociale, la paix mondiale.